MAISONS DE LA SAGESSE – TRADUIRE

Les barbares, ceux qui font blah, blah, blah, sont les autres : ceux que l’on ne comprend pas. Mel Bochner, Blah blah blah, 2011 (TDR) présenté lors de l’exposition Après Babel, Traduire, Mucem Marseille 2016-2017

Un réseau de lieux, d’actions et de recherche centré sur la traduction comme savoir-faire avec les différences

Les Maisons de la sagesse – Traduire sont une tentative de réponse à l’inacceptable que constitue l’absence d’accueil et d’hospitalité, une tentative minuscule mais expansive, et d’autant plus contagieuse qu’elle rejoint un grand nombre d’autres tentatives de la société civile, parfois isolées ou erratiques, et parfois adossées à la puissance publique, et qu’elle invente en lien avec elles.

Le diagnostic que Hannah Arendt portait sur le XXe siècle avait le mérite de la clarté : « Manifestement, personne ne veut savoir que l’histoire contemporaine a engendré un nouveau type d’êtres humains – ceux qui ont été envoyés dans les camps de concentration par leurs ennemis et dans les camps d’internement par leurs amis. » (H. Arendt, « Nous autres réfugiés », dans Écrits juifs, Fayard, 2011, p. 422)

La sagesse de traduire

Conférence prononcée le 25 mars 2017 au Théâtre de la Criée à Marseille par Souleymane Bachir Diagne, professeur à Columbia University (New York) et à l’Université Cheikh Anta Diop (Dakar), en conclusion de deux journées de travail consacrées à dessiner notre projet.

Le réseau Maisons de la sagesse-Traduire revisite la tradition des Bayt al hikma qui fleurissent dans le monde arabo-musulman du 6e au 14e siècle. Centré sur la traduction comme savoir-faire avec les différences, il articule langues, savoirs, cultures et visions du monde dans une citoyenneté élargie.

Ses acteurs sont des nouveaux arrivants, des artistes, des créateurs, des scientifiques et des praticiens de toutes disciplines, ainsi que des associations, collectivités, organismes et institutions, etc. Ensemble, ils contribuent à la cohésion sociale et participent à l’attractivité du territoire.

Les premiers chantiers, à Aix-Marseille et en région Ile de France (Paris-Saint-Denis-Aubervilliers), s’articulent autour de trois axes liés aux urgences d’aujourd’hui.

Dans la jungle de Calais, 2016. Après le démantèlement de la zone Sud, subsiste un panneau en langues indiquant l’école des Dunes. Photo : Barbara Cassin.

Légende – Crédit

Un peu d’histoire

Du 3e s. H./9e s. apr. J.-C. au 5e s. H./11e s. apr. J.-C., mus par un réel désir de science conjugué à une politique de prestige, les califes créèrent des Bayt al-hikma ou « Maisons de la Sagesse » qui devinrent très vite de grands foyers intellectuels urbains.

Pour encourager les recherches philosophiques et scientifiques et leurs applications, et garantir la préservation des travaux des Anciens, elles rassemblaient bibliothèques, centres de traduction, de copie et de reliure de manuscrits, centres de recherches et de débats scientifiques, hôpitaux et observatoires astronomiques, lieux d’accueil pour les savants-voyageurs venus parfaire leurs connaissances.

À la fois philosophes, astronomes, mathématiciens, musiciens, poètes, médecins, mais d’abord et avant tout traducteurs, ces derniers parcouraient en effet le monde, de Bagdad à Samarcande, de Grenade au Caire, de Damas à Balkh, de Fez à Ispahan.

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